Certains actes de chirurgie esthétique sont pris en charge par la Sécurité sociale. Notamment s’ils comportent un geste thérapeutique ou que le défaut représente un vrai préjudice.
Chirurgie réparatrice : les interventions auxquelles on peut avoir droit
Opérer le bec-de-lièvre d’un nouveau né, poser une prothèse mammaire après l’ablation d’un sein, atténuer une cicatrice due à un accident de la route, cela relève de son domaine.
Des indications précises à connaître :
La frontière avec la chirurgie esthétique est parfois plus ténue, mais elle est essentielle puisqu’une intervention réparatrice est remboursée par la Sécurité sociale. Bien entendu, pas question de frauder en jouant sur la finalité de l’opération. Même si certains médecins peu scrupuleux ne s’en privent pas, ce qui peut faire douter de leur sérieux. Simplement, le coût ne doit pas être le dernier obstacle qui vous empêche de sauter le pas pour vous sentir mieux, aussi bien physiquement que moralement, quand une prise en charge est possible.
Poitrine : si la gêne est réelle
Vos seins sont trop lourds et entraînent des douleurs
Une poitrine trop volumineuse peut être un handicap au quotidien, provoquant des douleurs dorsales et empêchant le sport. La réduction mammaire est prise en charge, à condition que le médecin enlève au moins 300 g par sein. Possible dès 16 ans, elle consiste à ôter l’excédent de peau et de graisse, puis à redraper l’enveloppe cutanée autour de la glande en remontant l’aréole.
Suites opératoires : Elles sont peu douloureuses, mais la poitrine doit rester enserrée durant quatre jours dans un bandage. Il faut ensuite porter un soutien-gorge médical jour et nuit, un à deux mois. Les cicatrices autour de l’aréole et dans la partie inférieure des seins, en forme de T ou de L, sont plus ou moins visibles suivant la qualité de peau. Et la sensibilité du mamelon peut être diminuée, de manière temporaire ou définitive. Néanmoins, l’intervention satisfait le plus souvent la patiente, qui retrouve une meilleure qualité de vie. Les résultats définitifs n’apparaissent qu’après six mois à un an. Une grossesse peut être envisagée au bout d’un an et l’allaitement est généralement possible.
Votre glande mammaire ne s’est pas développée
Prise en charge : Il ne s’agit pas des femmes ayant une petite poitrine, mais de celles qui n’ont pas de glande mammaire. Envisageable dès l’âge de 18-20 ans, l’opération consiste à poser une prothèse remplie de sérum physiologique ou de gel de silicone derrière le muscle en passant par l’aisselle.
Suites opératoires : Des douleurs peuvent survenir et il faut porter un pansement moulant durant une dizaine de jours. Les cicatrices, sous l’aisselle, seront quasi invisibles. Les résultats sont en général très satisfaisants, mais il arrive qu’une coque se forme et que l’on doive réintervenir.
Chirurgie du visage
Vous avez une déviation de la cloison nasale
Prise en charge : Une rhinoplastie à visée purement esthétique n’est jamais prise en charge, sauf lorsqu’elle est associée à une déviation de la cloison nasale. On estime alors que c’est un geste thérapeutique et qu’elle peut faire l’objet d’un remboursement. Mais c’est une opération dont les résultats sont souvent mal acceptés. Nombreux, en effet, sont les patients qui ont du mal à se « reconnaître » avec leur nouveau visage. D’autres, à l’inverse, sont très satisfaits de ce changement. Plus que pour toute autre intervention, il faut donc bien prendre le temps de la réflexion.
Suites opératoires : Elles sont douloureuses durant les deux premiers jours, le chirurgien ayant dû fracturer l’os du nez pour intervenir sur sa forme. Et le retrait des mèches placées dans chaque narine n’a rien d’agréable. Le port d’un plâtre pendant une semaine est indispensable afin de permettre à votre nez de conserver sa nouvelle forme. Les résultats définitifs se stabiliseront environ un an après et vous ne garderez aucune cicatrice.
Vos paupières supérieures gênent votre vue
Prise en charge : Sous l’effet du vieillissement ou, dès 30 ans, d’une mauvaise tonicité de la peau due à l’hérédité, la peau des paupières supérieures peut se relâcher, amputant une partie du champ visuel. Dans ce cas, l’intervention a un but thérapeutique. Elle entre donc dans le champ d’action de la chirurgie réparatrice.
Suites opératoires : Des ecchymoses et des oedèmes vont se former mais finiront par disparaître au bout de quelques jours. Le chirurgien enlèvera les points au bout d’une semaine. Par la suite, les cicatrices, situées au niveau du pli naturel de la paupière, ne se verront pas.
Vous avez les oreilles décollées
Demande d’entente préalable : Courante chez les enfants, l’otoplastie s’effectue aussi à l’âge adulte. Afin de rectifier le mauvais positionnement des oreilles, le chirurgien pratique une incision derrière le pavillon de l’oreille, le long du sillon naturel, et décolle la peau. Il façonne ensuite un nouveau pli, maintenu en place à l’aide de points de suture, et retire la peau en excès.
Suites opératoires : Si le geste est simple et ne demande pas plus d’une demi-heure par oreille, les suites restent relativement douloureuses. Il faut garder un pansement compressif pendant une dizaine de jours, puis porter un bandeau la nuit, pendant environ un mois, afin de réduire la tuméfaction et de maintenir les pavillons bien en place. Les cicatrices, placées derrière l’oreille, sont parfaitement invisibles.
Votre mâchoire avance et perturbe la mastication
Prise en charge : Il arrive que la prognathie (menton et mâchoire « en avant ») devienne gênante, perturbant notamment la mastication. L’Assurance maladie remboursera alors les frais de cette opération qui demande plusieurs heures de travail et doit être réalisée par un médecin spécialisé en chirurgie maxillo-faciale.
Suites opératoires : La mâchoire reste généralement bloquée pendant plusieurs semaines et il faut s’alimenter à l’aide de bouillies. La cicatrice, située sous le menton, est discrète et s’atténue avec le temps.
Chirurgie réparatrice du ventre
Votre abdomen a un aspect « en besace »
Demande d’entente préalable : En cas d’excès de poids, notamment au niveau de la paroi abdominale, on assiste parfois à un véritable affaissement du ventre, qui peut aller jusqu’à recouvrir le pubis. C’est ce que les médecins appellent une paroi abdominale « en besace ». Ce type de déformation peut être pris en charge, après demande d’entente préalable. Mais il faut savoir que les réponses sont très variables d’une caisse à l’autre.
Suites opératoires : Lors d’une plastie abdominale, le chirurgien ôte l’excédent de graisse et de peau avant de la redraper vers le bas. Différents types de cicatrices sont possibles : une grande, verticale, qui part du nombril et rejoint le pubis ; ou une horizontale placée au ras du pubis, associée à une plus petite, située autour du nombril.
L’épiderme est distendu après une perte de poids
Demande d’entente préalable : Chez les personnes souffrant d’obésité, la Sécurité sociale peut prendre en charge la pose d’un anneau gastrique. La perte de poids est alors souvent spectaculaire. Cependant, après un tel amaigrissement, l’épiderme est très distendu et forme des plis au niveau du ventre, des fesses, des cuisses, des bras… Le médecin va alors procéder à une résection cutanée, c’est-à-dire couper la peau en excédent et la retendre. Attention, un chirurgien sérieux ne réalisera jamais deux interventions différentes en même temps. Mieux vaut, en effet, laisser à l’organisme le temps de se remettre du choc opératoire et attendre au minimum trois mois entre une résection au niveau des cuisses et une autre, par exemple, au niveau des bras.
Suites opératoires : Les patientes se plaignent généralement de tiraillements, mais ils sont plus désagréables que vraiment douloureux. Le principal inconvénient reste l’existence de cicatrices plus ou moins étendues, suivant l’importance de la résection. La plupart du temps, elles sont dissimulées : dans le pli inguinal en cas d’intervention au niveau des cuisses , ou dans le sillon fessier en cas d’opération au niveau des fesses. En revanche, il est impossible de les cacher lorsqu’on intervient au niveau des bras. C’est pourquoi on ne le fait pas très souvent.
Un devis est nécessaire, même si l’intervention est prise en charge. En effet, le remboursement couvre la totalité du prix de l’opération pratiquée en hôpital public (anesthésie et frais de séjour compris), mais les dépassements d’honoraires en clinique privée ne sont pas pris en compte. Certaines mutuelles remboursent alors la différence. La prise en charge de certains actes est soumise à une entente préalable, c’est-à-dire à une acceptation par le médecin-conseil de l’Assurance maladie. En cas de refus, il vous reste un recours : demander une expertise.